La communauté exige du changement
Bonjour à toutes et tous,
La fin de l’année et le début de la suivante m’apparaît un bon moment pour faire un bilan de la situation au Mont-Sainte-Anne, des gestes posés et des objectifs que nous poursuivons. J’aurais aimé vous annoncer des avancées auprès de RCR mais tel n’est pas le cas! Par contre, nous avons progressé sur d’autres fronts.
Pour la mise en contexte, on se rappellera que malgré plusieurs promesses de développement annoncées publiquement, en 2003, 2008 et 2011, l’entreprise Resorts of the Canadian Rockies (RCR) n’a fait aucun investissement significatif depuis qu’elle détient la station Mont-Sainte-Anne. Le résultat est consternant : une majorité de remontées mécaniques ont dépassé leur durée de vie, les infrastructures d’enneigement sont désuètes et incapables de couvrir les besoins sur la montagne, et les chalets d’accueil sont inadéquats ou requièrent des rénovations majeures. Même les entretiens de base sont marginaux; l’entreprise fait à peine du rattrapage, en minimisant les dépenses. Des accidents avec blessés graves ont eu lieu au cours des dernières années, des recours collectifs ont été engagés, et les usagers doivent sans cesse s’accommoder de multiples bris d’équipements. On ne compte plus les aménagements, les réfections et les événements qui, dans les faits, sont le fruit du travail acharné de dizaines de bénévoles, souvent réalisé sans la collaboration de RCR. Bref, le statu quo n’est pas une option et ce n’est certainement pas en demeurant silencieux et complaisants sur ces situations inacceptables que les choses bougeront!
Par ses agissements sur plus de 20 ans, on comprend que le modèle d’affaires de RCR est de retirer les bénéfices sans investir. L’entreprise agit d’ailleurs ainsi pour l’autre station québécoise, Stoneham, et celles dans l’Ouest (Fernie, Kimberley, Kicking Horse, Nakiska). La désuétude de ces stations n’est pas partout similaire à celle du Mont-Sainte-Anne mais l’approche globale est la même. L’actionnaire principal de RCR soutire des revenus des stations et ne donne pas les leviers aux équipes locales pour réaliser des investissements. Les employés du MSA font d’ailleurs quasiment des miracles avec les moyens à leur disposition et, à cet égard, nous – les usagers – leur devons beaucoup!
Tout indique que RCR sent la pression de la communauté puisque l’entreprise a promis depuis plusieurs mois un nouveau plan de développement. Puisque rien n’a été annoncé à ce jour, n’y a t-il pas lieu de se demander si ce retard est dû à un manque d’appui de la direction de RCR?
La démonstration étant faite quant à l’effet dévastateur du modèle d’affaires de RCR, les Amis du Mont-Sainte-Anne (AdMSA) ont travaillé fort en cours d’année pour signifier au Gouvernement du Québec et aux municipalités que l’entreprise ne mérite pas leur confiance. Il serait même contraire à toute logique, dans les circonstances actuelles, d’accorder des fonds publics à RCR ou d’accepter quel qu’allègement que ce soit sur ses obligations contractuelles, d’employeur et d’entreprise. Nous continuerons d’être très vigilants, ce point étant crucial pour que RCR comprenne que les Québécois ont collectivement atteint, voire dépassé leur seuil de tolérance.
Il faut aussi se rappeler que Station MSA (propriété de RCR) n’a pas respecté ses obligations contractuelles avec la SÉPAQ. Le détail de ces non-conformités, fourni au printemps dernier par le Secrétariat de la Capitale-Nationale, mérite d’être connu (voir communiqué):
- Lors de sa constitution, Station MSA s’était notamment engagée, par promesse d’achat, à acquérir de la SÉPAQ des droits tréfonciers (décret 377-2008) dans les dix années suivant la signature des conventions, soit avant le 31 août 2004. Or, les parties ont eu un différend sur l’interprétation de la portée juridique des obligations de Station MSA (acquise entre-temps par RCR, en 2001), ce qui a mené à conclure une convention additionnelle en 2008.
- En vertu de cette nouvelle entente, Station MSA a obtenu du gouvernement de l’époque que le délai soit fixé à 15 ans et réparti selon quatre échéanciers précis, le troisième étant en avril 2021 et le dernier, en avril 2023.
- Or, en date du 18 avril 2021 (étape 3 de 4 de la convention), Station MSA n’avait pas réalisé ses engagements contractuels et se retrouvait ainsi en défaut envers la SÉPAQ.
C’est d’ailleurs dans ce contexte que le 20 avril dernier, le Gouvernement du Québec a annoncé que, dans l’intérêt de la communauté, l’État procédait pour résilier les droits de propriété superficiaire de Station MSA pour les terrains au pourtour de la montagne (constitué principalement par le secteur Est du Mont-Sainte-Anne, mieux connu par le centre de ski de fond du rang St-Julien). Depuis ce désaveu sans équivoque de la part du Québec, RCR joue la ligne dure. Le fait est que la SÉPAQ a pleine liberté de désigner un nouveau gestionnaire pour les activités du pourtour en 2024, avec date effective en 2029. Sachant qu’il est pratiquement impossible que la SÉPAQ renouvelle le contrat avec RCR en 2024, il est aberrant que RCR s’acharne à utiliser des moyens légaux simplement pour retarder cette échéance.
Entre-temps, la bonne nouvelle est que la communauté s’organise. L’OSBL Centre plein-air Mont-Sainte-Anne, constitué suite à l’annonce du gouvernement en avril dernier, est prêt à s’impliquer dans la gestion de ce territoire dès qu’il sera possible de le faire, au bénéfice de la collectivité. Si vous n’avez pas eu l’occasion de le faire, je vous invite à consulter l’emballant projet du Centre plein air MSA. Essentiellement, il consiste à offrir l’accès, 12 mois par année, à un réseau de sentiers où il est possible de pratiquer une variété d’activités telles que : vélo de montagne, randonnée pédestre, ski hors-piste, raquette, vélo d’hiver, ski de fond, etc. Les Amis appuient fortement cette initiative, d’autant plus qu’elle s’inscrit directement dans les promesses du gouvernement de s’associer avec les intervenants locaux pour assurer le développement et l’exploitation de ce territoire, selon les attentes de la population.
Il ne fait plus de doute, le Mont-Sainte-Anne a besoin d’un sérieux coup de barre. Afin d’assurer la pérennité de la station pour le bénéfice des utilisateurs et de la collectivité, il faut un gestionnaire qui a une vision sur le long terme, assortie d’une volonté et d’une capacité d’investir rapidement. Il faut également que le développement de la station se fasse en collaboration avec l’ensemble de la communauté, dans une perspective de durabilité et dans le respect du Schéma d’aménagement et de développement de la MRC de la Côte-de-Beaupré et des planifications urbanistiques environnantes. Force est de constater que RCR ne donne pour le moment aucun signe dans ces directions.
Tant pour le Centre plein-air Mont-Sainte-Anne que pour la station de ski alpin, le fait est qu’en raison du désintérêt chronique de RCR, la région de la Capitale-Nationale et le Québec tout entier sont privés de retombées socio-économiques majeures. Au printemps 2021, Les AdMSA ont fait élaborer un projet de plan de revitalisation ambitieux, que nous avons communiqué à la communauté. Cette analyse préliminaire révèle que pour être modernisé et devenir une destination prisée sur 4-saisons, le MSA requiert des investissements de plus de 700 M$ (incluant le volet immobilier).
- – Selon une étude réalisée par E&B Data, les retombées économiques d’un tel plan pour le PIB du Québec avoisineraient les 500 M$ pour les dépenses d’immobilisations, sans compter des retombées annuelles récurrentes de 15 M$ dues notamment à une augmentation du tourisme.
- – À cela s’ajouteraient d’importantes retombées fiscales, pour plusieurs récurrentes sur une base annuelle : 5,7 millions $ de revenus aux administrations publiques du Québec; 1,5 million $ de revenus aux administrations publiques fédérales; 4,8 millions $ de revenus additionnels en taxes foncières pour les administrations municipales.
En juin 2021, Les Amis ont aussi fait une proposition concrète au propriétaire de RCR, M. Murray Edwards, pour entamer des discussions sur l’avenir de la montagne. À ce jour, RCR fait la sourde oreille mais nous ne baissons pas les bras : le statu quo est inadmissible, l’expérience-client est en chute libre, la sécurité sur la montagne est en jeu, les retombées économiques sont plombées, la montagne n’a plus aucune reconnaissance en tant que destination touristique de choix. Tout ceci dans un contexte où le Mont-Sainte-Anne pourrait être la station de plein-air sur 4-saisons la plus prisée de l’Est de l’Amérique du Nord.
Au cours de l’automne, de plus en plus d’acteurs de la région de Québec, tout aussi outrés de la situation au MSA, se sont mobilisés pour exiger du changement. Cette grogne montante a donné lieu à la création du mouvement Avenir Mont-Sainte-Anne, présidé par Mario Bédard (bien connu pour son rôle-clef dans l’initiative J’ai ma place) et Alex Harvey (que je profite de l’occasion pour remercier de son implication). L’objectif premier est d’obtenir du Gouvernement du Québec, unique propriétaire du terrain du Mont-Sainte-Anne, qu’il prenne rapidement les moyens pour exiger un plan d’investissements massifs au MSA. Les appuis à cette coalition sont nombreux et croissants : membres de la communauté d’affaires de la grande région de Québec, athlètes de renom – incluant Pierre Harvey et Laurence St-Germain, anciens maires et mairesses de Beaupré, Sainte-Anne-de-Beaupré et Saint-Ferréol-les-Neiges, etc. Il est prévu que des rencontres aient lieu avec les autorités gouvernementales dès la mi-janvier. Les AdMSA, évidemment partie prenante de cette coalition élargie, souhaitent toujours que ces démarches mènent à des discussions constructives avec RCR quant à l’avenir de la montagne.
J’attire également votre attention sur une initiative récente de la plateforme Dynamisons le Mont-Sainte-Anne qui a lancé une pétition pour demander au gouvernement et aux municipalités d’exiger la revitalisation du MSA. Si ce n’est pas encore fait, je vous invite fortement à manifester votre appui. La pétition a déjà recueilli plus de 2000 signatures en quelques jours, une bonne mesure de la mobilisation soutenue de notre communauté!
Au cours des prochains mois, Les Amis continueront d’agir sur plusieurs fronts. Parmi nos priorités :
- – Le Gouvernement du Québec, qui est propriétaire du MSA au nom de tous les Québécois, peut et doit exiger l’exécution d’un ambitieux plan de développement, par un gestionnaire qui a de la vision, la volonté d’investir massivement et l’appui de la communauté, des municipalités et de la MRC.
- – Au bénéfice de leurs citoyens et de leurs commerçants, les municipalités ont un rôle majeur à jouer pour faire comprendre à RCR que le statu quo ne peut être toléré et que tant la montagne que le Centre plein-air MSA ont urgemment besoin d’investissements majeurs et structurants. Dans cette perspective, les conseils municipaux seront interpellés dès janvier afin que les trois municipalités concernées joignent leurs voix au mouvement Avenir Mont-Sainte-Anne et exigent du changement.
- – Bien que RCR multiplie les opérations charme auprès de sa clientèle pour maximiser les entrées de fonds, les usagers n’ont aucune garantie que les services et la sécurité seront au rendez-vous. En plus d’une ouverture tardive de la station MSA, comparativement aux autres stations de la région, l’état et le sort de la télécabine demeurent nébuleux, cette remontée étant pourtant névralgique au bon fonctionnement de la montagne. Ensemble, nous devons continuer de dénoncer toute situation inadéquate, bris récurrents d’équipements et de services, promesses non tenues, etc.
En tant que membre des Amis, il y a plusieurs gestes concrets que vous pouvez poser. En vous faisant entendre auprès des élus municipaux, pour qu’ils saisissent pleinement l’importance que leur communauté accorde à la revitalisation du MSA. En signant la récente pétition sur la page Facebook de Dynamisons le MSA. En partageant les informations si vous êtes témoins de situations inacceptables entourant la station.
Difficile de dire ce que les prochains mois nous réservent mais nous continuerons à travailler pour que le dossier demeure dans l’actualité, notamment politique, et que la communauté demeure bien informée.
À toutes et tous, je vous souhaite une bonne année 2022.
Yvon Charest, Président Les Amis du Mont-Sainte-Anne
Merci beaucoup pour votre engagement
comme je le dit à tous depuis plus de 10 ans , l’acronyme RCR signifie “Return the Cash in the Rockies” …
Félicitations Yvon, Mario et Alex pour votre travail. Il ne faut pas baisser les bras et sauver cette superbe montagne